P. 46. Hommage à Emile Fontaine (3)

Publié le par Jean-Emile Andreux

Dans la presse après la Libération : obsèques d'Emile Fontaine et stèle à Aubenton

En première page de l'hommage rendu à Emile Fontaine sur ce Blog, sont retracées les conditions dans lesquelles la Gestapo de Charleville devait l'assassiner le 30 mars 1944. Son corps fut transporté jusqu'à Mézières pour y être provisoirement inhumé au cimetière (Archives départementales des Ardennes sc, lettre de la Kommandantur : "Inhumation d'un terroriste", 1/04/1944). Après la Libération, sa famille eut à coeur de rapatrier le corps sur Aubenton :

(Bibliothèque centrale, Charleville-Mézières)

A noter que l'avis de décès annonçant les obsèques pour le samedi 9 décembre 1944, désigne comme auteurs de l'assassinat : "les miliciens". L'air du temps imprègne certes une telle précision. Néanmoins, aucun des documents retrouvés dans le cadre des recherches et pas un seul témoin de l'époque ne recoupent cette accusation désignant des hommes de Darland. Elle n'apparaît pas non plus reprise dans les discours ni les articles portant sur Emile Fontaine entre 1944 et 1994. Dans son étude sur l' "Article 75. La collaboration et sa répression dans les Ardennes. 1940 - 1948", Philippe Lecler n'évoque pas plus une implication de la Milice dans cette mise à mort le 30 mars 1944 (voir Livres).


Dans son édition du 12 décembre 1945, "L'Ardennais" relate l'enterrement du "Héros (et martyr) de la Résistance". Tandis que dans "Hirson Journal", en date du 25 juillet 1945, se trouve décrite l'inauguration d'une stèle en souvenir du "Patriote ardent" :

 


                       


L'objet même de ce Blog conduit à quelques constats.
La figure d'Emile Fontaine est saluée par opposition à tant d'attentistes, soit en réalité à la nette majorité de la population sous l'occupation.
La relation de ses derniers instants correspond aux témoignages cités sur la première page de notre hommage. Ainsi que s'en inquiétait en effet G-H Lallement, adjoint d'Emile Fontaine, une volonté commune les déterminait à ne pas tomber vivants aux mains d'éventuels tortionnaires...
De plus, la famille se retrouve associée aux hommages rendus. Une gratitude émue est manifestée à la mère et à la compagne d'Emile Fontaine en reconnaissance de leur "dévouement à l'égard de tous les réfractaires". Les Juifs du Judenlager des Mazures ne sont pas cités. Si le STO et les maquis avaient vivement marqué l'opinion publique, la Shoah restait alors encore grandement ignorée dans toute son étendue et dans toutes ses conséquences. Des rescapés des Mazures répareront cet oubli en décembre 1946.

La stèle d'Aubenton :                          A LA MEMOIRE DU
                                                                             CAPITAINE FFI
                                                                           EMILE FONTAINE
                                                                ASSASSINE PAR LA GESTAPO
                                                                           LE 30 MARS 1944

Publié dans Emile Fontaine

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Une précision sur le terme de "miliciens" employé pour désigner ceux qui ont tué Fontaine.Le terme "milicien" désigne sous l'Occupation tout Français travaillant pour la police allemande, et non pas uniquement les membres de la Milice française, organisation de l'Etat français. Les hommes qui se sont présentés à Fontaine étaient bien des Français travailllant pour la Gestapo (de la rue Foch si ma mémoire est bonne), dont la mission était d'infiltrer réseaux et mouvements pour ensuite procéder aux arrestations. Ces précieux auxilaires sans qui la police allemande aurait été inopérante, furent donc  des miliciens au sens  d"auxiliaires  de la police allemande" et non en tant que membres de la Milice française (mais de nombreux auxiliaires de la Gestapo appartinrent à la Milice, et de nombreux miliciens de la Milice travaillèrent "en plus" pour la Gestapo)...
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