P. 231. Le Pen était en manque...
Au nombre de ses drogues :
l'incitation à la haine raciale
et
la complicité d'apologie de crimes contre l'humanité
avec une fixette sur les "détails"...
(Graphisme JEA)
Est-il cyclotimique ? A-t-il des accès de fièvre qui le conduisent non à délirer mais à libérer tous ses refoulements ?
En mal de publicité, en perte de vitesse (à défaut de crédibilité), Le Pen n'a pas besoin de chasser son naturel pour revenir au galop, à la charge. Sa tactique est répétitive. Un : sortir comme si de rien n'était des propos totalement scandaleux. Deux : faire semblant de s'étonner des échos qui s'ensuivent. Trois : prendre la posture du martyr et s'affirmer persécuté. Quatre : multiplier les appels de Cours en Cours pour retarder au maximum les condamnations judiciaires. Cinq : laisser retomber les vagues en attendant de provoquer la marée noire suivante...
Ce 25 avril, dans le mensuel Bretons, Le Pen sert à nouveau sa soupe aux doryphores :
- "J'ai dit que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale : ça me paraît tellement évident" (dans un contexte de "50 millions de morts").
Cette évidence ne saute pas aux yeux du journaliste qui réagit :
- "... le problème n'est pas de savoir le nombre (de morts), mais la manière dont ils ont été tués"..." (on a) déporté des gens pour les amener dans des camps juste pour les faire tuer".
Belle occasion donnée à Le Pen pour illustrer son cynisme :
- "Mais ça, c'est parce que vous croyez à ça. Je ne me sens pas obligé d'adhérer à cette vision-là. Je constate qu'à Auschwitz, il y avait l'usine IG Farben, qu'il y avait 80 000 ouvriers qui y travaillaient. A ma connaissance, ceux-là n'ont pas été gazés en tout cas. Ni brûlés".
En aura-t-il semé derrière lui des cailloux qui ressemblent même parfois à des boîtes de Zyklon B ???
- En février de cette année, Le Pen a encore été condamné pour "complicité d'apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l'humanité". Dans Rivarol, en 2005, il avait banalisé l'occupation allemande en ne l'estimant "pas particulièrement inhumaine".
- En 2003, 2004 et 2006, des Tribunaux ont eu à se pencher sur une interview au Monde puis à condamner Le Pen pour "provocation à la haine raciale". C'était du style : "Le jour où nous aurons en France, non plus 5 millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont" ... "Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. Quand ils ne le font pas, on leur dit 'Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça, tu cherches la bagarre ?'. Et vous n'avez plus qu'à filer, sinon vous prenez une trempe".
- En 1999, petit détour par l'Allemagne. Le Tribunal d'instance de Munich l'a condamné pour "incitation à la haine raciale et apologie de crime de guerre". Le Pen avait été retrouver dans anciens SS et autres nostalgiques du IIIe Reich pour leur redire son leitmotiv des "détails".
- En 1998, l'Union des Etudiants juifs de France obtient sa condamnation pour avoir répété : "Je crois à l'inégalité des races" (université d'été du FN, août 1996).
- En 1997, condamnation pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible". Le Président (à vie sans doute) du FN avait peaufiné sa vision détaillée et très personnelle de l'histoire : "dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail" (Munich, 5 décembre 1997).
- En 1993, Le Pen est condamné pour "injure publique" au ministre de la Fonction publique dont le nom : Michel Durafour, lui avait inspiré cet amalgame horrible : "Monsieur Durafour-crématoire..."
- En 1991, vaste année. Avec une condamnation pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible" : "Je me pose un certain nombre de questions. Et je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. [...] Si, c'est un point de détail au niveau de la guerre ! Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? Que c'est une obligation morale ? Je dis qu’il y a des historiens qui débattent de ces questions."
Cette condamnation avait été précédée en janvier, par une autre portant sur un "trouble manifestement illicite à l’ordre public". Soit pour "utilisation du terme SIDA pour stigmatiser l'immigration qui représenterait un danger aussi grave que la maladie porte une atteinte intolérable à la dignité des malades, qui ont droit au respect et à la solidarité et également une atteinte intolérable à la dignité des populations immigrées". La Cour d'appel de Lyon visait des tracts et affiches du FN.
- En 1987, encore une condamnation pour "provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale", sous forme d'un tract du FN.
- En 1986, Le Pen est reconnu coupable d'"apologie de crimes de guerre" pour la sortie d'un disque proposant des morceaux de choix tels "un hymne du parti nazi" et un vibrant "Vive Hitler".
Même année, il est judiciairement rattrapé par son discours lors d'une Fête du FN et alors qu'il stigmatisait comme suit des journalistes et un cardinal parce que juifs : "Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Yvan Levaï, à Elkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Monsieur Lustiger me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus le connut lorsqu'il chassa les marchands du temple, ce que nous allons faire pour notre pays."
Le tribunal retint un "antisémitisme insidieux".
- En 1971, Le Pen mettait en vente un disque SERP avec cette mention plus qu'explicite : "La montée vers le pouvoir d'Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu'il triompha à la suite de consultations électorales régulières, circonstance généralement oubliée."
Condamnation pour "apologie de crimes de guerre".
Et dire que ce même individu, avec un tel casier judiciaire infâmant, s'est présenté aux élections présidentielles. Et que tant et tant de Français l'ont placé en position éligible face à J. Chirac.
(NB : Sauf erreurs ou omissions involontaires, ne sont relevées sur cette page du blog "que" les condamnations liées aux crimes contre l'humanité, aux crimes de guerre et au racisme. Toutes les autres condamnations ayant frappé Le Pen rendraient cette liste interminable !)