P. 17. La DH et l'exposition sur le Judenlager des Mazures

Publié le par Jean-Emile Andreux

La Dernière Heure présente l'exposition sur le Judenlager des Mazures et ses déportés, exposition ouverte au public jusqu'au 10 mars à l'Institut technique de la Communauté française H. Maus, place de l'Ecole des Cadets à Namur :

Une expo vibrante à l'Institut Henri Maus

NAMUR

Pendant soixante ans, le camp de juifs des Mazures, non loin de Charleville-Mézières, est tombé dans l'oubli. Le site, aujourd'hui, n'est plus qu'un terrain de football. Seule une pierre du souvenir, inaugurée le 16 juillet 2005, concrétise enfin la reconnaissance de ce passé trop longtemps négligé. Entre 1942 et 1944, les Allemands y ont mis au travail forcé 288 Anversois.

Un historien namurois, Jean- Emile Andreux, a été le premier à révéler l'existence de ce camp, il y a quatre ans. Après avoir exposé en France, il présente aujourd'hui, à Namur, sous forme d'une exposition Le Judenlager des Mazures et ses déportés, à l'Institut technique Henri Maus, le résultat de ces recherches.

Le dernier survivant du camp des Mazures, Aron Koganovitch, était présent lors du vernissage de l'exposition. À la fin de la guerre, ils étaient 27 de ce camp à avoir réchappé du nazisme. Vingt-deux d'entre eux doivent leur survie à une évasion réussie. En revanche, 237 autres ne sont pas rentrés d'Auschwitz ou d'autres camps d'extermination. Un grand nombre d'épouses (103) et d'enfants (120) des prisonniers ont été eux aussi directement emmenés et tués à Auschwitz.

«Une lettre me demandait de me rendre à la gare d'Anvers», se souvient avec émotion Aron Koganovitch, le dernier témoin. «J'y suis allé. Je croyais que les Allemands voulaient seulement nous donner du travail. Là-bas, je suis resté 11 mois, à travailler pour l'occupant dans des conditions abominables. Grâce à mes contacts avec la résistance et de faux papiers, j'ai réussi à fuir, me faisant passer pour un bûcheron. Interrogé à nouveau par les Allemands, j'ai tenu bon et n'ai jamais avoué que j'étais juif. J'ai eu un peu de chance. J'avais aussi beaucoup de force de caractère. Mes parents étaient partis pour Auschwitz. Je n'avais plus rien à perdre.»

Selon Jean-Émile Andreux, les causes du long silence qui a occulté ce camp juif sont multiples. «Sur les 288, une quarantaine seulement avait la nationalité belge. La plupart étaient réfugiés d'autres pays. Comme les survivants ont été rares, le camp des Mazures n'a pas fait l'objet d'un souvenir incontournable.»

L'exposition évoque en neuf panneaux, le camp et les déportés documents d'identités, courriers et photos à l'appui , les évasions, le transfert des Juifs des Mazures vers Auschwitz et vers d'autres camps de la mort, sans oublier la personnalité d'Emile Fontaine, cette figure de la résistance ardennaise abattue par la Gestapo de Charleville après avoir sauvé douze évadés.

© La Dernière Heure 2006 (4-5 mars)

Anne-France Somers

 


Josef Koganovitsch, évadé des Mazures et l'auteur des recherches.

Publié dans Exposition

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E
Même si certains articles parus dans la presse manquent de délicatesse, il me semble que l'exposition n'est pas passée inaperçue cette fois !  Il ne faut donc pas baisser les bras... De mon côté, je ne manquerai pas dorénavant de faire mention de ce camp dans mes leçons d'histoire et vous remercie pour votre travail.Estelle Duchesne, Histoire ITCF Henri Maus
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C
Je viens de me rendre à l'école Heni Maus où se trouve l'exposition dont vous êtes l'instigateur.Je vous félicite de mettre à jour certains coins de notre Histoire, oubliés parfois de la majorité.Christiane Cabaret
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