P. 64. Profanation du Mémorial d'Anderlecht

Publié le par Jean-Emile Andreux

Plus de 25.000 noms de Juifs victimes de la Shoah ne peuvent toujours pas être respectés en paix...

 

Communiqué de l'agence Belga : "La crypte du mémorial aux martyrs juifs de Belgique à Anderlecht a été saccagée entre le 15 juin et le 24 juillet, a-t-on appris auprès de l'Union des déportés juifs en Belgique et de la police de la zone de Bruxelles-Midi.

Selon l'Union des déportés juifs en Belgique, une urne contenant des cendres humaines ramenées d'Auschwitz-Birkenau a été vidée de son contenu. Une grille a été arrachée, des vitrines ont été cassées et des documents détruits. Le sol a été souillé de préservatifs et d'excréments." 

Réaction de l'Union des déportés juifs, filles et fils de la déportation : "Attenter au mémorial, c'est s'en prendre à toute la communauté juive de Belgique... A l'égal d'un cimetière, il (le mémorial) est un lieu sacré de recueillement, de souvenir et un appel à la vigilance contre les dérives antisémites, racistes et xénophobes".

Secrétaire de l'Union, Judith Kronfeld en conclut qu'il s'agit de la "rage antisémite" débouchant sur "un spectacle de désolation".

Inutile d'ajouter des commentaires à l'odieux. S'en prendre à des victimes réduites en cendres, c'est avouer effectivement une haine inextinguible, une nostalgie et une impuissance à mener jusqu'au bout une "solution finale"...

 

Cependant, comment ne pas être sensible et attentif aux suppositions de la RTBF et à deux titres de la Libre Belgique ???

En effet, le mardi 25 juillet au soir, un journaliste de la RTBF avançait que cette profanation pourrait être mise en corrélation avec l'actuel conflit au Moyen Orient. On voit se profiler la sempiternelle confusion (volontaire ou non) entre l'histoire et l'actualité. La profanation d'un monument aux Juifs déportés notamment à Auschwitz s'expliquerait par la politique menée par l'Etat d'Israël... C'est la porte ouverte à toutes les fausses excuses et à tous les amalgames. D'ailleurs les faits se sont déroulés à partir du 15 juin, soit éventuellement bien avant les évènements au Liban.

Quant à la Libre Belgique, fut-elle reprise par ses anciens démons ? Son site internet, le 25 juillet au soir, titrait : "Rien ne semble indiquer que les vandales soient antisémites et aient attaqué volontairement un lieu symbolique juif pour nuire spécifiquement à cette communauté." Texto !

Ce titre méritera de figurer en bonne place dans de futurs cours de journalisme. Du "Rien" au "nuire spécifiquement à cette communauté". Ou comment nier les évidences. Que leur faut-il de plus à La Libre ??? Il s'agit de l'unique Mémorial pour les Juifs en Belgique. Situé au Square des Martyrs juifs à Anderlecht (Bruxelles). Même en étant mentalement aveugle, sourd, muet et amnésique (en s'excusant auprès des personnes réellement frappées par ces infirmités) impossible d'ignorer la spécificité de la cible choisie. Impossible de ne pas chercher à rendre encore plus aigües des blessures qui ne se refermeront jamais.

Mais le 26 juillet, la Libre amorçait courageusement une courbe rentrante en changeant son titre devenant dès lors : "La crypte du Mémorial d'Anderlecht a été dévastée. Un acte clairement antisémite selon l'Union des déportés juifs de Belgique. Mais la police en doute."

La Libre n'assume plus seule la négation de l'antisémitisme concrétisé par cette profanation. Le quotidien se réfugie derrière la police et se posant en gardienne de l'objectivité, semble porter deux plateaux d'une même balance. D'un côté l'Union, de l'autre la police. Ceci n'est jamais qu'un avis personnel : mais ici le lamentable s'ajoute au désespérant.

Le 26 juillet à 21 heures, rien dans Le Soir, un vide total. Ni sur les sites internet du Monde, de Libération ou du Nouvel Observateur. Banalisation ou indifférence ?

 

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