P. 65. De la profanation d'Anderlecht à une exposition colossale
Arno Breker et ses sculptures gonflées aux hormones nazies
La profanation d'Anderlecht est donc restée ignorée en France. Ce ne sont pas les tentatives d'éveiller "Le Monde", "Libération" et "Le Nouvel Observateur" qui firent défaut. Las, en vain... Tandis que dans le Royaume se poursuivaient les amalgames et les confusions à propos de la profanation du Mémorial des martyrs juifs à Anderlecht. Protéger et laisser en paix les plus de 25.000 victimes de la Shoah : d'aucuns l'ont oublié pour tenter de mélanger les cendres de 40-45 avec les fureurs actuelles de la guerre au Moyen-Orient. D'où cette déclaration de l'Union des déportés juifs de Belgique - Filles et fils de déportés :
- "L'Union demande à tout un chacun d'éviter de procéder à des déclarations qui risquent d'être interprétées comme des amalgames et de mener à l'importation du conflit proche-oriental en Belgique."
Prétendre expliquer et/ou excuser des agressions sur les ombres d'un génocide par la politique actuelle d'Israël... revient à rendre ces victimes coupables des actes d'un Etat dont ils n'ont même pas vu le jour, massacrés comme ils le furent bien auparavant dans ce qui devait être une "solution finale" !!! Par ailleurs, d'autres s'obstinent à nier sans preuves l'antisémitisme de cette profanation. La police se situe en première ligne des négateurs. Ou elle se trompe comme voici peu avec les meurtriers de Joe Van Holsbeeck qu'elle affirma Nords-Africains alors qu'ils sont Polonais. Ou alors les auteurs et les faits lui seraient connus. Du moins assez que pour se prononcer. Qu'attend-elle pour agir ? Sinon, comment ne point y voir une volonté de désamorcer un scandale en se voilant les yeux ???
Une suggestion aux auteurs de cette profanation : qu'ils aillent se défouler et s'extasier dans les murs de la Maison publique du Schleswig-Holstein à Schwerin. Jusqu'en octobre, s'y déroule la première exposition officielle depuis 1945 de sculptures signées Arno Breker. Chaque dictature a besoin de son "art" officiel, miroir de ses enflures. Avec des mercenaires pour illustrer et glorifier son pouvoir absolu. Sous le IIIe Reich et la mégalomanie hitlérienne, la sculpture fut dopée aux hormones d'Arno Breker. Et promise à une postérité glorieuse qui devait se prolonger sur mille ans au minimum.
Pour rappel, voilà ce que donnait ce boddy building à la mode nazie :
Né en 1900, Arno Breker est mort en 1991, ce qui semblerait indiquer que le cirage des bottes dictatoriales ne nuit pas à la santé et n'use pas prématurément. Le chouchou du chancelier Hitler ne fut nullement inquiété après guerre. La collaboration-compromission intellectuelle sait se trouver des excuses et des protections (mais ce n'est rien à côté des collaborations économiques).
Une dernière photo pour illustrer combien Arno Breker savait se montrer en bonne compagnie :
De gauche à droite : Speer, l'architecte par excellence du monumental à croix gammée. Il porte l'uniforme (ça dit tout). Hitler, que le photographe a placé volontairement ou non avec une tour Eiffel le prolongeant en symbole triomphant. Breker, le sculpteur harnaché comme s'il allait ensuite fêter l'occupation de Paris par un saut de joie depuis le premier étage de la tour...
Vous voudrez bien excuser quelques phrases qui se confirment être la politesse d'un certain désespoir. Et après la profanation. Et après le retour - sous forme d'ex-position - d'un IIIe Reich barbare et génocidaire.
A consulter : sur le Blog de Pierre Assouline, http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/, la liste de Breker.